L’été 1997 était beau, visiblement. Il a en tout cas inspiré le peintre d’origine chinoise, qui lui a dédié ce ciel vibrant, longuement disputé un dimanche à Versailles.

La bataille pour emporter cette peinture de Zao Wou-ki s’est déroulée par téléphones interposés – huit exactement –, animés par des enchérisseur français et internationaux avant que, finalement, un acheteur de Taïwan n’emporte l’adjudication à 882 000 €.

Le bleu de 5/8/97 explosait en couverture de la Gazette n° 25. Le texte qui l’accompagnait (page 6) revenait sur la période de maturité que constituaient les années 1990 pour le peintre, une décennie au cours de laquelle il réintègre subtilement des références au ciel, à la mer et aux montagnes. Ces trois éléments se retrouvent ici, matérialisés par l’emploi d’un bleu outremer aux nuances profondes, une autre particularité de cette période.

S’il peignait «à peu près huit à neuf tableaux par an» – comme il l’expliquait dans un entretien accordé en 1994 au critique Michel Ragon (1924-2020) – il mettait dans chacun d’entre eux ce souffle créatif épique qui les rend uniques. Et, visiblement, la maturité lui a bien réussi !

Son bronze de L’Enlèvement d’Europe était la pièce phare du Cedep. […]

Avec la dispersion de la collection d’art contemporain initiée par Guy Landon pour le Centre Européen d’Éducation Permanente (Cedep), une page s’est tournée pour l’institution, alors qu’une autre s’ouvrait pour ses œuvres (Voir Gazette no. 29, page 47, no. 33, p. 14 et no. 34, p. 92). Si la vente de La Science et de La Loi, deux monumentales sculptures en béton de François-Xavier Lalanne – plus difficiles à vendre – se fera sans doute après la vacation, ce bronze de Claude Lalanne, l’Enlèvement d’Europe, était rapidement acquis par une collectionneuse américaine qui l’installera à Palm Beach. À 1,235 M€, il s’agit du meilleur prix recueilli pour ce groupe.

Le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur, née à Bordeaux le 16 mars 1822, pourrait bien faire remonter la côte d’une artiste peu présente sur le marché français. L’intérêt renouvelé pour la peinture réaliste devrait faire le reste.

Thomas Morin-Williams, expert de la vente, présente « L’enlèvement de l’Europe » chef-d’œuvre oublié de Claude Lalanne.

Trois statues à 700.000€ minimum de Claude et François-Xavier Lalanne se trouvant dans les jardins du Cedep, près de l’Insead seront vendues dimanche par maître Osenat.

« Une opportunité extraordinaire »

« C’est une histoire de fous, se réjouit Jean-Pierre Osenat. Nous avons été mis en concurrence avec des maisons prestigieuses, on a bataillé pour avoir cette affaire, et nous mesurons la responsabilité qui nous incombe ». Car ces trois sculptures qui ornent le jardin n’ont rien d’ordinaire. Les œuvres du couple s’arrachent dans le monde entier et voir ainsi trois pièces monumentales sur le marché va forcément faire parler. « Ces sculptures ont été les cerises sur le gâteau de l’aménagement paysager qu’ils ont imaginé pour le Cedep. Elles figurent dans la continuité des commandes en plein-air, des sculptures monumentales tantôt géométriques, tantôt animales », explique Thomas Morin-Williams, expert en charge de la vente.